Eliawe :
Quelquefois, il y a dans la nuit des cris
Que je me sens coupable de ne pas entendre
Et parfois, dans la nuit, je sais que tu écris
Par tes phrases, j’apprécie me laisser surprendre
Une soirée d’automne, l’encre s’est tarie
Laisse-moi m’approcher de tes mots et apprendre…
Slamerjack:
Et quelquefois, le sommeil me fuit
Et je laisse la panique s’étendre
S’infiltrer au fond de mon lit
Afin qu’elle me réduise en cendres
Je scrute l’ombre, qui dans un coin, est tapie
En écoutant sa voix douce, presque tendre…
« Vincent…crois-tu au bonheur ? »
Elle s’avance alors, démarche saccadée
Poupée de cire fondue et brisée
Dans sa main, un accordéon désaccordé
Accompagne la valse des âmes mortes
« Vincent…crois-tu au bonheur ? »
Ses mots résonnent, se superposent, m’enchaînent
Vers la voie des ombres, des visages en porcelaine
En farandole, dansent bossus et naines
Rois et reines, et qu’importe…
« Vincent…as-tu peur ? »
oui.
Je vis l’Alerte Nocturne.comme l’on vit sa propre mise à mort.seul.et étendu sur mon linceul.j’attends l’ultime coup sur mon corps.je suis la proie de l’Oiseau diurne.et ses yeux.qui me fixent.qui m’enlisent.sans que je puisse respirer.cet air radieux.qui te transperce tels des rayons X.son apparition est ma hantise.sans que je puisse la commander.
Le clown aux yeux diaphanes m’aime.me hait.et m’attend.
« Vincent…as-tu peur ? »
oui.
Je vis mes nuits.comme l’on vit son propre enterrement.sans échappatoire.et étendu dans le noir.je sombre dans l’inconscient.au milieu de mes insomnies.et son sourire.qui transpire tant de haine et d’amour.derrière le rouge à lèvre.ce visage triomphant qui étend son empire.qui me guette encore et toujours.qui veut que je vive qui veut que je crève.
Le clown aux yeux diaphanes m’aime.me hait.et m’attend.
Eliawe :
Mais quelquefois encore, il y a ces étoiles
Pour éclairer ses yeux effrayants et frayant
Un chemin jusqu’à toi. Je sais le temps qui voile
Les surfaces de lune aux rayons rougeoyants
Sans angoisse, sans peur, sans alarme, sans râle…
Tous les pantins ont des voix d’ombres, des peaux de craies trop maquillées et trop livides. Des lèvres closes, scellées d’acier. Et du sang dans les psaumes des mains, tendues vers un ciel rayé des sceaux d’inexistence coulés aux cires des silences dévoilés, et trop tus. Tous les pantins ont des voix sourdes et trainent sur leurs pas les ficelles trop lourdes, trop rouges, trop blanches. Des regards gris, trop fatigués et une absence pour seul bagage, et l’insomnie pour seul mirage. Tous les pantins ont peaux pastelles, robes en blessures d’aquarelles qui rayent les cieux qu’on ne voit pas, qu’on ne voit plus mais qu’on sait nus…
Les yeux fermés
De cauchemars
Taisent les
Restes de Rêves.
Le sommeil fuit en vagues pluies, alarmes des cils qui battent encore les vents lointains, souffles de larmes des univers un peu fragiles… un peu facile, un peu gracile en « si » versés d’éclats de vers où se noyer d’avoir trop bu les insomnies des nuits sans clair et des humeurs qui font leurs nids comme un corbeau dans un cadavre.
Et je suis seule aussi dans les draps funéraires
Des nuits qui parlent trop, fleuries en amarantes
Sur les peaux délabrées d’un sommeil mortuaire
Qui m’aime et qui me hait dans ses aubes d’attente.
Et l’aurore est horreur à l’honneur des jours sans faim, des nuits sans fond en vies de vide… l’aube approche, accroche ses rideaux au-dessus nos paupières, alerte l’échappée des océans nocturnes qui fuient entre les doigts des peurs agonisées aux cils fardés de cendre.
Tous les pantins ont la peau nue, on les maquille pour oublier…
Les yeux blancs
Sont aveugles
Et les mots
Savent se Taire.
L’ombre t’haine.